La femme cassée

Il lui joue l’amour côté cour
Et le chagrin côté jardin
Il lui chante le mot toujours
Mais ne dit rien du lendemain

Il est si beau et distingué
Si plein de charme et tant de classe
Qu’on ne peut pas imaginer
Dans le miroir une autre face 

Il a du bleu dans le regard
Mais la tempête vient en silence
Par hasard et sans crier gare
Et se déchaine la violence

Alors elle a le cœur qui fane 
Elle n’est qu’une fleur assoiffée
Un épi de blé que l’on glane
Un jour d’été aux terres brûlées

Elle n’est plus que l’ombre d’elle-même
Fragile comme un oiseau de verre
Mais souvent il lui dit qu’il l’aime
Lorsque s’apaisent ses colères.

Le dos courbé, elle désespère
Sous ses poings qui la fracassent
Il cogne, il hurle, il vocifère
Sur sa peau nue s’inscrit sa trace

Quand il s’en va, claquant la porte
Elle se mure dans sa solitude
Ne peut croire à ses amours mortes
Et se résigne par habitude

Et moi j’ai mal quand je pense à elle
A celle qu’elle était autrefois
Avant qu’il ne lui brise les ailes
Et fasse d’elle une femme aux abois

Un jour elle mourra en silence
D’un coup de pied, d’un coup au cœur
Dans une totale indifférence
Le destin choisira son heure.

Et ce bourreau si distingué 
Fera la une pour quelques jours
Elle en voyage d’éternité 
Trouvera la paix pour toujours

Fermez les yeux sur l’indicible
Surtout restez au chaud chez vous
Car peut-être la prochaine cible
La vie voudra que ce soit vous. 

Annie K. Barbier
Mémoires d’un cœur funambule

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